Evrard Chaussoy : Un engagement pour l’identité et la nature
Evrard Chaussoy est un artiste engagé très attaché à son île de Raiatea où il pratique la peinture et la sculpture. A travers un regard tourné vers sa propre identité, il souhaite faire connaître son art au-delà de nos frontières en exposant régulièrement à l'étranger. L’effacement culturel lié à l'ère moderne et la préservation de notre environnement sont des thèmes qui lui sont chers. Il a intégré le programme ambassadeurs de la compagnie. Interview.
Parole à Evrard Chaussoy :
Quelques mots sur ton parcours ?
« Né à Raiatea dans une famille d’artistes, l’art a toujours fait partie de ma vie. C’est en 2002 que j’expose pour la première fois mes dessins au fusain représentant des scènes de la vie polynésienne. Au fil des ans, je change de mode d’expression pour la peinture sur toile, mais aussi pour la sculpture. J’ajoute à mes sujets des messages engagés en fonction des problématiques qui me touchent. Année après année, expo après expo, à force de travail et de régularité, j’ai pu me forger une réputation dans le milieu artistique polynésien. J’exporte aussi mon travail en participant à des salons ou à des expositions personnelles en galerie en dehors de la Polynésie. »
« J’ai obtenu le prix spécial du jury au salon 2007 de la société nationale des beaux-arts de Paris, j’ai exposé en galerie en Nouvelle Calédonie en 2019, j’ai participé au Shanghai International ArtFair 2023. J’ai été également lauréat du programme de résidence d’artiste à la cité internationale des arts de Paris en 2023. Dans mon art, je parle essentiellement d’identité culturelle, de notre mode de vie, de nos liens à la nature, mais aussi des ravages du monde moderne, qui nous déracine et nous éloigne de nos coutumes, qui efface notre langue et qui détruit notre environnement. Parmi mes œuvres les plus emblématiques on peut citer la peinture « Moruru roa », la sculpture de « Bobby Holcomb », ou encore la sculpture de « Mamado Turtle ».
Ton actualité ?
« Je travaille sur plusieurs projets à la fois. Ma priorité actuelle est la sculpture d’un monument polynésien qui m’a été commandé par le pays. Ce monument incarnera l’origine polynésienne du surf et sera inauguré à l’occasion de l’ouverture des Jeux olympiques. C’est une fierté pour moi que de participer à un tel projet et je remercie encore le ministère et le service de la culture pour la confiance qu’ils m’accordent pour un projet d’une telle ampleur. Je prépare également deux expositions sur la France. La première est une exposition personnelle de peintures qui aura lieu au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) en septembre dans la ville de Lyon. La seconde sera également une exposition personnelle de peintures et de sculptures qui aura lieu dans une très belle galerie parisienne du 31 octobre au 25 novembre. Ces deux expositions traiteront de l’effacement de la culture polynésienne, au même titre que toute culture autochtone face à la mondialisation. J’annoncerai ces événements sur mon site et les réseaux sociaux prochainement. »
Tu vis de ton art ? Pas trop difficile ?
« Je fais vivre mon art à 1000% et en retour, mon art me fait vivre. C’est un deal que j’ai conclu avec lui depuis que j’ai décidé de m’y consacrer pleinement il y a plusieurs années. Plus sérieusement, je n’ai pas de recette miracle. Le jour où j’ai décidé que je me consacrerai corps et âme à ma passion, ça n’a pas été un choix facile car j’ai des enfants à nourrir, des factures à payer et se lancer dans une carrière d’artiste n’est jamais rassurant. Mais j’ai fait le saut de l’ange et je pense que c’est ma ligne de conduite qui me permet de vivre de mon art : beaucoup de travail, une grande rigueur et une grande sincérité. »
Ta destination coup de cœur ?
« Au risque de passer pour un chauvin, je dirai sans hésitation « Ra’iātea ». C’est l’île où je suis né, où j’ai grandi et où j’ai choisi de vivre. Ra’iātea aussi appelée l’île sacrée est le point de départ du peuplement du triangle polynésien avec le Marae Taputapuatea. Elle porte une valeur culturelle très puissante. C’est une île haute avec de magnifiques reliefs montagneux offrant de belles randonnées et de magnifiques points de vue. Le mont Temehani abrite aussi la Tiare Apetahi, fleur endémique menacée d’extinction. Notre lagon, partagé avec l’île de Taha’a, abrite une faune et une flore très riches. Je vous invite d’ailleurs à aller voir ma sculpture immergée « Mamado Turtle » qui est un récif artificiel, un appel à la préservation de nos lagons. L’accès est libre, gratuit et facile en snorkeling. »
Un dernier mot ?
« Je souhaite exprimer ma profonde gratitude envers Air Tahiti Nui pour son engagement à mes côtés. Je suis reconnaissant de partager avec vous des valeurs aussi essentielles que l'identité culturelle et la préservation de l'environnement. Ce soutien me donne la force d’étendre la portée de ces messages par delà les océans. Je tiens également à adresser mes sincères remerciements à mon épouse, mes enfants et à tous mes proches pour leur amour inconditionnel et leur soutien constant. »